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JE SUIS HIER, AUJOURD'HUI ET DEMAIN
"HIER" c'est l'existence passée. "AUJOURD'HUI"
l'homme veut vivre d'une manière telle qu'il n'ait pas à porter
"DEMAIN" le fardeau de sa vie future en agissant mal aujourd'hui.
Les Égyptiens disaient, qu'au cours de
son existence, l'homme fait des nuds dans ses rapports avec
ses semblables, et que, pour se libérer, pour être
libre, il doit défaire ses nuds lui-même
Je suis l'enfant qui marche au long de la route d'hier. Le "Noun"
est l'océan primordial sur lequel flotte la terre, le Père
de tous les Dieux et le symbole de l'inactivité. La Naissance
est la sortie hors du Noun - tout est né du Noun. La Mort
est le retour au Noun - le défunt retourne au Noun, stade
préparatoire à une nouvelle vie. Le Ben-Ben
", un pyramidion, une montagne qui sort des eaux primordiales. Sous
sa pointe, un disque ailé avec deux serpents qui en descendent
et qui symbolisent les deux déesses-uraeus, l'Aurore : ISIS
et le Crépuscule du soir : NEPHTYS. Chacun de ces serpents
tient le signe de vie Ankh pour exprimer l'idée que ces deux
moments correspondants du cycle solaire sont des manifestations
de la vie. Pour les Égyptiens, l'apparition du disque solaire
au-dessus de l'horizon était identifiée à la
naissance de l'enfant. Le soleil, à son lever, est accompagné
des deux surs, ISIS et NEPHTYS, l'une représentant
l'Aurore et l'autre le Crépuscule du soir. Le soleil navigue
sur les eaux célestes en deux barques distinctes : la barque
du matin et celle du soir. À midi, le soleil passe d'une
barque à l'autre.
La barque solaire du matin, à l'est de la pyramide, symbolise
la résurrection qui suit la mort, une nouvelle vie. Elle
escalade la pente de la voûte céleste et chasse la
brume matinale en accroissant son rayonnement et sa chaleur. C'est
un parallèle à l'enfant, qui une fois séparé
du corps de sa mère, commence à grandir, croît
en vigueur et en sagesse.
Dans la barque, le dieu KHNOUM, à forme humaine et tête
de bélier, est le Potier divin qui a créé l'uf
primordial. Il est celui qui façonne sur son tour de potier
le corps humain dans le limon du Nil. Il est à la fois le
Père des pères, la Mère des mères et
la Nourrice des nourrices.
L'éveil à la vie pour un être humain, le premier
geste, est de redresser la tête. Le point culminant de la
course du soleil est le Zénith, moment pour se poser un instant
sur la pointe du Ben-Ben dont il dévore l'ombre. Le soleil
à midi, c'est l'apogée de la vie de l'homme, moment
où il a épanoui sa personnalité, où
il est plein d'activité. La course du soleil du Zénith
vers l'ouest correspond au déclin graduel de l'être
humain allant vers la mort à travers l'âge mûr
et la vieillesse. C'est aussi le moment où le soleil change
de barque, passant de celle du matin à celle du soir, dans
laquelle il continue son voyage vers les portes de la mort. L'homme
adulte est représenté en guerrier, prêt à
bondir et à défendre la veuve et l'orphelin. La plume
sur son bouclier caractérise le Dieu SHOU, qui personnifie
la lumière et l'air, deux éléments indispensables
à la vie. La plume de la Déesse MÂAT, ou la
lumière de la vérité, doit guider l'homme à
travers l'existence en lui montrant le droit chemin. La vie est
un court moment pendant lequel l'homme doit montrer ce dont il est
capable, et prouver que ses actes sont guidés par la vérité.
La barque solaire du soir, à l'ouest de la pyramide, symbolise
la fin de l'existence qui vient de s'écouler. La barque du
soir s'enfonce sous l'horizon, une femme avec le visage d'un homme
l'accueille, un être double, deux principes opposés
: mère-père. La mère dans le sein de laquelle
le décédé retourne à la fin de sa vie
incarnée : le Noun, cet être hermaphrodite qui tient
ses bras levés pour recevoir la barque qui descend.
Dans la barque, le BENNOU, l'âme du soleil, le protecteur
des morts qui aspirent à la renaissance. L'uf de Bennou
est censé avoir donné naissance au soleil émergeant
du Noun. Au milieu de la barque, le Dieu RÊ. C'est le maître
du cycle de la vie. Il naît tous les matins entre les cuisses
de la Déesse NOUT et le soir, est avalé par elle pour
renaître le lendemain matin. À l'avant de la barque,
le défunt rame
L'homme courbé par l'âge
et soutenant d'un bâton ses pas chancelants - c'est le moment
de la vie de l'homme qui correspond au déclin du soleil descendant
rapidement au couchant. L'oiseau-Bas, son âme, passe la fausse
porte, celle qui sépare ce monde de l'autre.Dans l'enseignement
égyptien la mort c'est le retour entre les bras de sa mère.
Après les douleurs et les luttes de l'existence, l'homme
trouve dans la mort la paix et le repos. La semence enfouie dans
le sol donne naissance à la plante qui, le temps venu, mourra
après avoir produit une nouvelle semence. La graine est le
symbole de l'éternité de la vie dans son cycle: VIE-MORT-VIE
De même, l'homme devenu vieux et décédé,
a perdu les forces vitales et doit les reconstituer. Il retourne
dans le sein de sa mère pour renaître plein de vitalité,
tel le nouveau-né. Si vous perdez un être cher, prenez
courage. La mort est la nourrice qui l'emmène dormir et,
au matin, il s'éveillera de nouveau pour voyager à
travers un autre jour avec ceux qui ont veillé sur lui avec
compassion depuis le commencement
L'éternité
n'a pas de fin, ne peut avoir de commencement, c'est un cercle.
Philippe Biermé
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